Le retour du voile chrétien, est-ce nécessaire ?

Sensualité ou pudeur, libre ou esclave sont des termes qui depuis toujours maternent le concept du voilement ou dévoilement. Au cours de l’histoire, le voile fut un accessoire typique de la garde-robe féminin, qui parfois exprime le statut social, l’état matrimonial ou la notion de décence et de pudeur. Il est rarement utilisé dans la garde-robe masculine, mais il n’est pas complètement exclu de celle-ci. Quand les hommes l’utilisent, c’est pour exprimer le deuil ou pour montrer leur soumission à Dieu lors de la prière. Plus les années passent, plus il s’efface dans la penderie de la femme occidentalisée pour laisser la place à la liberté de choix. Ainsi, les femmes montrent leur originalité et leur unicité par les coiffures plus sophistiquées, les perruques, la coloration des cheveux, les coupes, etc.

Cette disparation du voile est aussi réelle dans le Christianisme, qui, au début du premier siècle après Jésus, accordait une importance capitale au port du voile lors des cérémonies religieuses. Plus de 2000 ans après, des jeunes influenceuses chrétiennes semblent vouloir se réapproprier du voile pour en faire l’objet de la beauté. Faut-il que les chrétiennes reviennent au port du voile ? Cette question importante est à traiter pour la jeune génération qui se laisse influencer par les influenceurs et influenceuses sans trop se poser de questions.

Pour répondre à cette question, cet article présentera une brève histoire du voile qui ouvrira la porte sur le voile au sein de la Bible avec l’ancien et le nouveau Testament. Cette porte ouverte amènera dans le corridor qui indiquera ce que Paul a enseigné aux chrétiens par rapport au voile. Au bout de ce corridor se trouve la réponse à la question posée dans le paragraphe précédent.  

Brève histoire du voile

La première histoire de la Bible qui montre que le voile avait une importance capitale, c’est l’histoire de Rebecca. Abraham a un fils, il se prédispose, avant sa mort, à trouver une femme pour lui. Il envoie son serviteur en qui il avait beaucoup confiance auprès de sa famille pour chercher une femme de valeur pour son fils. Ce serviteur va faire une prière et Dieu va agréer cette prière en lui envoyant une femme qui est la réponse à sa prière. Il va faire les démarches nécessaires et il va amener cette femme vers son conjoint qui est Isaac. Durant le trajet vers son futur conjoint, elle était la tête découverte. Au loin, elle va l’apercevoir et va prendre son voile pour se couvrir le visage pour aller à sa rencontre. (Genèse 24 :1-67)

L’autre histoire qui relate l’histoire d’un voile, c’est celui de Tamar qui va se marier à un homme qui va mourir sans lui donner une descendance. Elle va tout faire pour honorer les lois de son époque qui indique que quand un homme meurt, les gens de sa famille (frère ou une famille proche)  doivent donner une descendance à sa femme. (Deutéronome 25 :5-6) Comme la famille de son conjoint n’honorait pas la loi, elle a mis une voile sur sa face pour attirer son beau-père dans son lit. Ainsi, d’elle va naître deux enfants qui seront son héritage et celui de son conjoint décédé. (Genèse 38 :1-29)

Un dernier exemple de voile tiré de la Bible se trouve dans le livre de cantique des cantiques. Ce livre présente une histoire romantique qui s’écrit par la bouche deux amoureux. Entre ces lignes de cet œuvre qui dépeint l’amour, dans le chapitre 4, les versets 1 à 3 se trouvent une image de la femme voilée. La voici :

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes, Derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. 2 Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, Qui remontent de l’abreuvoir ; Toutes portent des jumeaux, Aucune d’elles n’est stérile. 3 Tes lèvres sont comme un fil cramoisi, Et ta bouche est charmante ; Ta joue est comme une moitié de grenade, Derrière ton voile. (Cantique 4.1 et 3)

En dehors de la Bible, les archéologues ont trouvé des lois assyriennes tournant autour du voile. Ces lois sont légalisées plus ou moins 1000 ans avant la venue de Jésus par le roi Téglath Phalazar 1er. Ci-bas, se trouve la traduction de la transcription de cette loi trouvée sur la tablette A-40.

[1]Les femmes mariées […] qui sortent dans la rue n’auront pas leur tête découverte. Les filles d’hommes libres seront voilées. La concubine qui va dans les rues avec sa maîtresse sera voilée. La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte. Qui voit une prostituée voilée l’arrêtera […]. Les femmes esclaves ne sont pas voilées et qui voit une esclave voilée l’arrêtera.

Pour les autres peuples, l’histoire est trop fragmentée et l’ensemble des vestiges matériels trouvés par les archéologues ne permettent pas de déterminer si le fait de porter le voile dans les sociétés antiques était une question politique ou juste une transmission culturelle. Par exemple, Dans la société grecque, il y a cette transmission de valeur qui a l’air d’être ancré dans l’identité du peuple. Cela se conjuguait ainsi, pour qu’une jeune femme change de Statut, elle devrait se marier. Pour cela, divers rites prenaient place. Plusieurs parmi ces rites tournaient autour du voilement et le dévoilement. [2]

Un peu avant Jésus, sous l’empire romain, il y a la transmission de cette valeur liée au port des voiles. Toutefois, les hommes, pour montrer leur domination par rapport à la femme, utilisent, à ce moment-là, le voile comme une image prépondérante de l’abaissement et de l’humiliation de la femme. C’est pour cela, qu’il y a eu des hommes d’États comme Caius Sulpicius Gallus et Antitstius Vetus qui se sont divorcés de leurs femmes, soit parce qu’elle ne portait pas leur voile en public, ou parce qu’elle parlait avec une femme libérée (femme qui ne porte pas de voile qui peut être une prostituée ou autres). [3]

Après cette période, revient en force l’idée du port du voile au milieu des chrétiens par cet ordre donné par l’apôtre Paul aux femmes de Corinthe. Cette idée que Paul a évoquée, au fil des ans, a provoqué des combats de mots entre les théologiens libéraux et légalismes. Entre-temps, cette pratique s’est rependue dans d’autres parties du monde, notamment grâce à la religion musulmane. Néanmoins, le voile chrétien, bien qu’il semble s’effacer dans le milieu chrétien, est encore présent dans certains courants religieux[4]


[1] •     Loi assyrienne, attribuée au roi Téglath Phalazar 1er (1112-1047 av. J.-C.). Tablette A 40. http://expositions.bnf.fr/livrarab/pedago/coran/loiassyr.htm  Cité par Odon Vallet, Le Dieu du croissant fertile, Découvertes Gallimard, Paris, 1999.

[2] Gherchanoc, Florence. “Le(s) voile(s) de mariage dans le monde grec : se voiler, se dévoiler. La question particulière des anakaluptêria”. Gherchanoc, Florence. Dossier : Avez-vous vu les Érinyes ? Paris-Athènes : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2006. (pp. 239-267) Web. <http://books.openedition.org/editionsehess/3427&gt;.

[3] Marlborough, Consuelo. “The Position of Woman. II. An Historical Retrospect.” The North American Review, vol. 189, no. 639, 1909, pp. 180–93. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/25106294. Accessed 10 Feb. 2023.

[4] MAXIME Georgel « Le voile chrétien : Quand est-ce qu’on a arrêté de le porter ? » parlafoi. (2018). https://parlafoi.fr/2018/02/06/le-voile-chretien-quand-est-ce-quon-a-arrete-de-le-porter/

L’enseignement de Paul sur le port du voile

Si donc un homme prie ou prophétise la tête couverte, il outrage son chef. 5 Mais si une femme prie ou prophétise la tête non couverte, elle outrage son chef à elle : c’est comme si elle était rasée[a]. 6 Si donc une femme ne se couvre pas la tête, pourquoi, alors, ne se fait-elle pas aussi tondre les cheveux ? Mais s’il est honteux pour une femme d’être tondue ou rasée, qu’elle se couvre donc la tête.7 L’homme ne doit pas avoir la tête couverte, puisqu’il est l’image de Dieu et reflète sa gloire. La femme, elle, est la gloire de l’homme. 8 En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme de l’homme[b], 9 et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme. 10 Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête un signe d’autorité[c], à cause des anges. 11 Toutefois, dans l’ordre établi par le Seigneur, la femme n’existe pas sans l’homme, et l’homme n’existe pas sans la femme, 12 car si la femme a été tirée de l’homme, celui-ci, à son tour, naît de la femme et, finalement, tous deux doivent leur vie à Dieu.

 1 corinthiens 11 :4-11

De ce texte découlent plusieurs explications qui semblent s’opposer. Il y a d’abord l’idée que la chevelure est le voile de la femme. Ensuite, la femme doit porter le voile, parce que l’homme domine sur elle. Enfin, il y a l’idée que la femme doit porter une marque de distinction à cause des anges. Ce qui n’est pas un objet physique selon des spécialistes de langue grecque[5].  Les deux premiers courants ont attiré des partisans et leurs communautés se soumettent à la partie du texte qu’ils croient correspondre à la pensée divine. Le troisième point semble être assez flou, car il y a encore une recherche non aboutie sur ce que Paul veut dire quand il parle des anges. Sont-ce les anges déchus ou autres ?

En dehors de ces 3 idées, Les communautés chrétiennes ne semblent pas toujours prendre en considération, le contexte social, culturel et politique de la Bible. Ce qui peut très rapidement pousser à oublier la pensée de Dieu qui est véhiculée tout au long de la Bible.

Une doctrine ne peut pas se créer juste à partir d’un seul texte de la Bible, mais elle se définit par une étude approfondie de la Bible sur un sujet donné. Pareillement, pour répondre aux gens de Corinthe, Paul a fait l’analyse d’un ensemble de texte biblique et il a sorti la pensée divine pour l’époque dans laquelle il se trouve.

Comme mentionné ci-haut, Tout au long de la Bible, les hommes aussi bien que les femmes portent le voile et cela a continué jusqu’à la fondation de l’église. Entre-autres, les femmes portaient le voile pour se cacher de leur fiancée qui allait les découvrir dans le lit conjugal. Sinon, elles portaient des voiles pour cacher leur péché. Dans ce cas, c’est la prostituée qui se cache derrière une voile pour qu’elle ne se fasse pas remarquer. En dehors de ces pratiques, les femmes semblaient être libres de rester la tête dévoilée.

Un peu plus tard, avec les autres peuples, le voile va être utilisé pour marquer le statut d’une femme. Il va marquer une séparation entre la femme libre et l’esclave ou la femme libérée (prostitué). Pourtant, sous l’empire romain, le voile paraissait plutôt marquer la soumission de la femme face à l’homme. Et la Bible est écrite au cours de cette période-là.

Pour répondre aux chrétiens de Corinthe, Paul est revenu à la création de l’homme et de la femme qui se trouve en Genèse 1 et 3 qui exprime l’idée de la soumission de la femme (rôle et fonction) et non la domination (écraser la femme) de l’homme qui va apparaître après le péché. Paul ne veut pas amener les femmes à pécher, même si, à cette période-là, le contexte montre que certains hommes dominent cruellement la femme, mais Paul parle à des femmes chrétiennes qui doivent être soumises à leurs maris chrétiens qui sont censés être soumis à Christ qui leur montre l’exemple de l’amour ultime.

Derrière la réponse de Paul, la pensée de Dieu qu’il a voulu faire passer, c’est l’idée de la soumission de la femme envers son époux. Dans la Bible, Dieu n’impose pas un modèle de vêtement à quiconque, car il sait qu’il a créé des personnes intelligentes qui vont apporter leur saveur au monde. De ce qu’elles vont créer, ses enfants doivent avoir la jugeote pour choisir des modèles, ce qui exprime la volonté de Dieu dans leurs époques.

D’ailleurs, dans la Bible, les femmes qui ont été juges ou prophètes ne semblaient pas se soumettre à cette idée de porter le voile. Toutefois, elles étaient soumises aux principes de Dieu. Par exemple, Déborah, pour honorer Dieu, n’a pas voulu aller en guerre pour ne pas prendre l’honneur qui était censée donner à un homme. Cependant, Barak qui était un homme soumis à Dieu, a reconnu en elle l’autorité de Dieu. Il lui a donné, à ses côtés, la place de briller. Dans ce cas, la marque d’honneur qu’elle portait sur sa tête était, au lieu de se prouver, de laisser à un homme la place de l’honorer dans une société ou le vainqueur des grands rois devrait être un homme. (Juge 4-5)


[5] https://www.headcoveringmovement.com/francais/why-is-the-phrase-a-symbol-of-1-cor-1110-not-in-the-greek-2

Conclusion

Les sociétés ont changé et n’ont plus la même conception du voile. De même, d’un continent à l’autre, les gens n’ont pas la même conception du voile et des cheveux. En amenant l’Évangile un peu partout sur la planète, il n’y avait pas une obligeance d’amener l’idée du voile, mais le principe qui est derrière cette idée. Grâce à cela, les chrétiens n’allaient pas se conformer à une mode, mais à la pensée divine de la chose.

En effet, quand une femme accepte de porter un voile, elle accepte l’idée qu’elle se montre soumise à son conjoint. Donc, elle fait honneur à Dieu en se montrant soumise à son époux, car elle devient un modèle à suivre. Toutefois, avec ou sans voile, une femme peut être insoumise, irrespectueuse et dominatrice. Tout cela est contraire à ce que Dieu attend d’une épouse chrétienne.  

Il faut comprendre qu’en Dieu, il y a la liberté. Si une femme trouve que dans cette génération, elle veut porter le voile pour montrer sa soumission à son mari, elle a le droit de le faire. De même, une autre femme peut ne pas se sentir obliger de porter le voile. Elle en a totalement le droit et elle ne pèche pas. Cependant, il faut que la communauté ou l’église à laquelle cette femme appartienne honore sa compréhension du sujet. Sinon, cela va créer des combats inutiles.

Pour finir, le voile ne doit pas devenir  juste un objet cultuel, mais il faut que les femmes qui le portent sachent la raison pour laquelle elles le font. Surtout, elle doit honorer le principe derrière l’acte. C’est ainsi qu’elles honoreront Dieu face aux principes de ce monde qui considèrent que les principes bibliques sont archaïques (pas applicable à la société moderne).

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